
Battre Young Boys avait ouvert la voie du titre aux Servettiens, une bien belle façon de fêter l’anniversaire du club en attendant l’inauguration du nouveau stade avec les hôtes étrangers !
De la saison 1917-1918 à la saison 1925-1926, Servette avait sans relâche fini premier du groupe romand en championnat, gagnant ainsi le droit de participer aux finales nationales et d’y moissonner 4 titres. Dans la seconde moitié des années 1920, Bienne, Etoile Carouge puis UGS parviennent toutefois à prendre tour à tour le meilleur sur les Grenats. Un opportun changement de formule va toutefois permettre aux Servettiens de revenir sur le devant de la scène après un début de championnat mal emmanché. En effet, dès la saison 1929-1930, ce sont les deux premiers de chacun des trois groupes nationaux qui sont convoqués pour les finales…
Le rappel de Duckworth
A la barre de l’équipe depuis 1921, l’Anglais Teddy Duckworth est remercié à l’issue de la décevante saison 1928-1929 (4ème rang romand). Le major Frido Barth est censé remotiver les troupes. Leur remise au pas s’avère toutefois bien vite un cinglant échec : Servette débute le championnat avec deux défaites et Teddy Duckworth est rappelé de son exil lyonnais! Cet Anglais, ancien joueur pro dans son pays, peu à l’aise pour s’exprimer en français et aux concepts tactiques rudimentaires, allait néanmoins remettre les Greants en selle. Il est vrai qu’il n’avait pas son pareil pour déceler les meilleures qualités de chaque joueur et que son palmarès (3 titres et une coupe de Suisse avec Servette, une seconde place olympique avec la Suisse) parlait pour lui. Novateur, il n’avait pas hésité à envoyer ces joueurs prendre des leçons de danse pour améliorer leur équilibre corporel !
La défaillance d’UGS
Dans un championnat mené tambour battant par le FC Bienne, Servette se ressaisit progressivement. En automne, seule une mortifiante défaite contre UGS à la maison entrave la marche en avant des Grenats qui viennent même à bout du leader seelandais. Fin février, les Servettiens ont l’occasion de prendre leur revanche à Frontenex. La belle poudreuse couvrant les montagnes environnantes et la concurrence d’un inédit concours d’avion-ski n’empêchent pas 5000 curieux d’assister au derby. A l’issue d’un match tendu, les Violets l’emportent grâce à un pénalty sifflé à trois minutes du terme. En attaque, la nouvelle recrue servetienne, l’Allemand Link, fait belle impression mais est trop esseulée. Les Eaux-Viviens s’emparent de la seconde place qualificative pour les finales nationales. A une journée du terme du championnat, ce sont toujours eux qui tiennent le bon bout : ils conservent une longueur d’avance sur les Grenats. Servette joue alors à domicile contre Fribourg. Pour la plus grande consternation des 1000 spectateurs présents, les Fribourgeois, avant-derniers, mènent à la mi-temps (0:2). Les Grenats se ressaisissent : quelques accélérations des avants Passellon, Chabanel et Link suffisent pour que le score soit renversé. La victoire (6:3) est synonyme de participation aux finales car UGS s’est incliné à La Chaux-de-Fonds (1:0) contre toute attente comme l’annoncent peu après le match “quelques loustics servettiens sourire d’Austerlitz aux lèvres” selon un chroniqueur de l’époque.
Les Young Boys en hors d’oeuvre
Suite à ce sprint final indécis ayant permis aux clubs d’engranger les recettes escomptées, un système hybride doit désigner le champion à l’issue d’une poule à six où chaque équipe affronte… quatre adversaires. Pour Servette, l’entrée en matière s’annonce délicate : Young Boys, brillant champion du groupe centre, se dresse sur sa route.

Sur l’aile droite, Servette aligne son ailier de poche Rodriguez, blessé à une jambe, le virtuose espagnol sera néanmoins à l’origine des deux réussites servettiennes de la première mi-temps : un centre que Link déviera pour la tête de Passello et une belle ouverure pour Chabanel. A l’heure de jeu, le flegmatique Passello expédie pour la troisième fois le ballon dans les filets bernois. Alors que la messe semble être dite, Young Boys marque à deux reprises.

Un ultime numéro de Passello qui se joue avec un facilité désarmante de l’arrière-garde bernoise scelle un prometteur succès 4:2 acclamé par les 3000 spectateurs du Parc des Sports. La semaine suivante, le public est à nouveau choyé par Passello qui, d’une petite pichenette lobée dont il a le secret, inscrit l’unique but de la rencontre contre Grasshoppers. Servette est sur de bons rails !

Le titre et d’autres projets
Servette ne s’arrête pas en si bon chemin et va cueillir une belle victoire (1:3) sur le Campo Marzio luganais. Auteur de deux buts, Passello est à nouveau l’homme en vue du côté grenat. Le troisième but est l’oeuvre de Severino Minelli, ce jeune Zurichois, arrivé à Genève à vélo et venu frapper à la porte du stade un beau matin, se révélera un joueur hors pair, sélectionné à plus de 80 reprises avec la Nati. Malheureusement, c’est sous le maillot des Sauterelles qu’il effectuera l’essentiel de sa carrière. Pour l’honneur, Servete va encore s’imposer au Landhof contre le FC Bâle (0:3). Rentrés tard dans la nuit, les Servettiens sont accueillis par 500 personnes à Cornavin. Ce sixième titre tombe à point nommé pour le quarantième anniversaire, d’autant plus que les dirigeants grenat ont décidé de fêter dignement l’événement : l’inauguration du nouveau stade des Charmilles doit voir se dérouler un tournoi d’envergure européenne, regroupant les champions nationaux de dix pays !

Un projet de grosse envergure
Au cours des années 1920, la popularité du football allant grandissant, il était devenu nécessaire de doter les Grenats d’une enceinte capables d’accueillir des affluences de plus de dix mille personnes. Ce “nouveau” stade des Charmilles, voisin de l’”ancien Parc des Sports” est prêt à être inauguré en ce début d’été 1930. Conçu pour permettre au public d’être au plus proche du gazon, il fait grosse impression grâce à son immense tribune de béton à la visibilité parfaite (la Tribune A des derniers temps) et à sa capacité de 20’000 à 30’000 places avec les buttes latérales permettant d’accueillir les spectateurs debout. Le retentissement de la Coupe des Nations est énorme. Dotée d’un budget de 150’000 francs, patronnée par l’Association des intérêts de Genève, la manifestation organisée par le Servette, en première ligne par son président Paul Addor, se déroulera du 28 juin au 6 juillet 1930. Au cours des préparatifs, 300’000 timbres sont distribués gratuitement pour être collés sur des lettres à destination de l’étranger ou du reste de la Suisse afin d’assurer la visibilité de l’événement, des trains spéciaux sont organisés de toute la Suisse, des journalistes et des radio reporters accourent de toute l’Europe, la fédération italienne avance des dates de son championnat pour pouvoir libérer son représentant, les fédérations grecque et finlandaise envoient un amer courrier pour ne pas avoir été invitée…

Cet événement majeur dans le processus d’internationalisation du football se révèle être une alternative à la première Coupe du Monde en Uruguay qui commencera deux semaines plus tard mais pour laquelle bien peu de nations européennes ont pu envoyer des participants. Samedi 28 juin, tout est fin prêt, le ruban du nouveau stade peut être coupé par madame Hentsch de la société immobilière des Charmilles !
Un magnifique tournoi
Dans un stade copieusement garni (15’000 spectateurs), l’instant est solennel : on joue les hymnes nationaux, les clubs défilent en portant devant elle la bannière de leur pays, le tralala est quasi-olympique.
Dans les tribunes, des notables à la pelle. L’infortuné président de l’Association des Intérêts de Genève Monsieur Odier ajoute une note comique à la cérémonie : son jet du ballon par avion est un échec complet, cela n’empêchera pas le coup d’envoi de la rencontre inaugurale Servette FC – First Vienna d’être donné !
Face au somptueux football des Autrichiens, les Grenats sont submergés et encaissent un cinglant (0:7), heureusement que les Viennois ont levé le pied en fin de partie…

Le lendemain, une explosive confrontation entre les Allemands du SpVgg Fürth (champion en 1929) et les Français de Sète (vainqueurs de la Coupe en 1929) est programmée. Le public romand, farouchement francophile, prend fait et cause pour les Sétois mais bien vite, les Allemands aussi gagnent les sympathies du public tant le jeu est correct et animé. Un jour avant le retrait des troupes françaises de Rhénanie, les observateurs se plaisent à relever l’esprit très “Société des Nations” de la rencontre entre des ressortissants de deux pays ayant plutôt tendance à se vouer mutuellement aux gémonies. Le match accouche finalement d’un vainqueur grâce à un but en or des Bavarois … à la 140ème minute ! La suite est à l’avenant : de beaux matchs où les formations d’Europe Centrale démontrent une belle supériorité, un public nombreux… Pour la première fois, le jet d’eau est illuminé : c’est la fête des fleurs ! Les perdants des premiers jours s’en voient d’ailleurs offrir une avec l’occasion d’être repêchés pour les quarts de finale : Servette en profite en disposant des champions bleges du Cercle Bruges (2:1). Bien inspiré, le club grenat écarte ensuite les Italiens de Bologne (4:1). Parallèlement, les Hollandais des Go Ahead Eagles, les Allemands du Spvgg Fürth 7:1 et les Espagnols de Real Union Irún quittent la compétition, battus par les formations d’Europe Centrale. En demi-finale, Servette succombe contre les Hongrois d’Ujpest Budapest (0:3). La finale pour la troisième place est l’occasion pour les Grenats de prendre une nouvelle leçon de football viennois (1:5). En finale, devant 20’000 personnes, Ujpest prend le meilleur sur le Slavia Prague 3:0. A l’heure arrivée à la gare de Budapest, les joueurs hongrois seront accueillis par 10’000 personnes. Le tournoi du SFC n’avait pas laissé indifférent…
Il faudra attendre encore 25 ans pour qu’une “vraie” Coupe d’Europe, telle que nous la connaissons plus ou moins aujourd’hui, soit portée sur les fonds baptismaux. Le tournoi qu’avait organisé le SFC en ces belles journées estivales de 1930 la préfigurait et les responsables du SFC seront de nouveau de la partie comme nous l’évoquiosn la semaine passée : Le résultat du concours « Un peu d’Histoire… » !
Jacky Pasteur et Germinal Walaschek
Autres chroniques portant sur les matchs entre Servette et Young Boys :
Maudit pénalty ! + Servette-YB : Brechbühl blesse Pfister + L’adieu aux Charmilles + Allez voir Servette-Young Boys et trouvez-y votre âme soeur sans crainte que Mustapha ne gâche votre nuit de noces ! + Ces trois minutes hitchcockiennes après Young Boys – Servette …
Des nouvelles du livre “Un Peu d’Histoire…”
Il va bien ! Pour la première fois, nous aurons l’occasion de vous le présenter pour une vente directe sur l’esplanade de la Praille ce samedi dès 18 heures 45 pour la venue des Young Boys. Les détails suivront. Le club nous a par ailleurs fait l’honneur de présenter le livre sur sa page officielle : http://www.servettefc.ch/fr/actualite/article-5111.html.


HS bale lausanne 2-0. l’ecart de goal average entre lausanne et sfc se reduit pour devenir rattrapable
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Et ca part en couille sevère chez les sedunois… A nous d’en profiter..
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C’est bon on a un nouveau stratège au milieu du terrain de notre Servette adoré pour remplacer Kouassi : Marguairaz… parce que dès demain, il est chômage !
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HAHAHAHA, on sait ce qu il a dit exactement a Constantin ? :’)
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je suis en train de lire fion4never et on dirait que cette fois CC a perdu tout le crédit qu’ il lui restait auprès de supporters valaisans si ce n’est 1 ou 2 dégénérés.
C’ est quand même hallucinant ce qui se passe…
Au fait en dehors de leurs membres leur forum compte plus de 120 invités ce soir… je dois pas être le seul à me marrer.
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Bon, Lausanne a eu un but annulé pour un hors jeu très discutable alors que le 1-0 de Bâle est entaché d’un hors jeu, mais difficile à voir pour l’arbitre.
Pour l’année prochaine un peut d’utopie comme GrenatDC pourra pas me dire que je suis un indécrottable pessimiste.
Marguairaz au milieu. Derrière Steinhöffer qui ne voit pas son contrat être renouvelé. Là on commence à avoir une équipe pour l’année prochaine. L’utopie c’est toujours un peu agréable, surtout avant d’aller se coucher.
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Ecrire couché me fait écrire une coquille : donc c’était « un peu » et pas « un peut ». Désolé.
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Superbe article encore une fois. Très récemment sur Arte, un documentairte retraçait l’épopée de Jules Rimet qui a créé la Coupe du Monde, avec la 1ère éditions en Uruguay en 1930 et seulement 4 équipes européennes (FRA, BEL, ROU, YOU). Cet article tombe bien car il est complémentaire au documentaire (ou vice-versa) !
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