
Après deux victoires à même de redynamiser une situation bien compromise, les Grenat devaient faire face à un déplacement toujours très difficile chez le champion bernois…
Le potentiel d’Imeri
Il faut croire que les défis ont cette magie d’animer les servettiens. A chaque fois que la cause semble perdue, le club genevois s’affirme, là où l’on ne l’attend pas forcément, là où la plupart le donne perdant, là où l’on pense que la série va inéluctablement s’arrêter.
Si le Servette s’anime et s’ingénie à puiser dans ses ressources, avec plaisir faut-il le souligner, c’est aussi parce que ce groupe possède en fait un potentiel important, peut-être bien au-dessus de ce que la plupart des observateurs ou des supporters peuvent imaginer.
Celui-ci est parfaitement incarné par le nouveau joyau suisse, Kastriot Imeri. Meilleur numéro 10 actuel du championnat, sans aucun doute. Il l’a toujours été, au fond. Il lui fallait juste la confiance de son entraîneur. Celle-ci est arrivée quelque peu par défaut, le diamant grenat profitant d’une blessure de l’incontournable Cognat.
Cela ne veut pas dire que les deux ne doivent pas jouer ensemble, bien au contraire. Ni même que l’un doit absolument jouer sur un côté, mais cela relève d’un autre débat, dans lequel on prendra le parti de ne pas se mouiller cette fois-ci. Finalement, dans ce système qui est si cher à Geiger, qui peut bien occuper cette place de demi gauche, à part le diamant grenat? Cela montre juste, une fois pour toutes, que le Servette a, dans ses rangs, 4 des meilleurs joueurs du championnat, si l’on y ajoute Stevanovic et Clichy. Et qu’avec ces 4 joueurs-là sur le terrain, il peut battre n’importe qui. En Suisse tout du moins.
Frilosité
Beaucoup en ont douté jusqu’à présent, la faute probablement à un coaching bien trop frileux, qui peine à accorder sa confiance aux jeunes, qui se retient à alterner et à varier ses schémas. On ne sait pas si, suite aux mauvais résultats qui se sont dangereusement enchaînés, la direction grenat est intervenue. Mais toujours est-il que, depuis 3 matches, Alain Geiger adopte une posture, un brin plus audacieuse, en donnant du temps de jeu à Vouilloz, à Diallo, en modifiant certains schémas. Tout cela reste bien évidemment à confirmer. Mais le fait de pouvoir aligner du temps de jeu, permet de toute évidence d’engranger de l’expérience, de la confiance, et de disposer des conditions nécessaires à laisser apparaître des qualités qui auraient pu être parfois sous-estimées.
Le Servette est arrivé d’ailleurs à YB avec le frein à main. Disposé comme toujours dans un 4-2-3-1 qui convainc quand l’effectif complet est à disposition, mais qui montre toutes ses limites quand ce n’est pas le cas. Une première mi-temps à subir, avec un seul attaquant nominal, esseulé, en la personne de Kyei. Bon par ailleurs. Mais malheureusement si peu entouré, car trop éloigné des autres lignes, bien trop séparées par ailleurs, dans un dispositif aligné trop bas, exposé aux impulsons offensives bernoises, comme sur ce premier but si bien amené.
Il aura fallu une expulsion, et un effectif local soudainement limité (avec ses blessures et la fatigue) pour que le Servette comprenne enfin qu’il pouvait tout à fait contrôler et prendre l’emprise du jeu. Le collectif est alors monté d’un cran, les changements auront permis d’occuper davantage cette zone 3, et les buts seront tombés grâce à la patte talentueuse d’un joueur hors norme. Un Imeri que l’on aura apprécié sous toutes ses coutures. Par son improvisation, son génie, mais aussi son caractère. Plus le match avançait, plus il s’en bonifiait, se plaisant même à provoquer (gentiment), mais surtout à puiser son énergie, dans l’opposition des supporters adverses. La marque d’un grand, à coup sûr.
Stabilité en maître mot
Le Servette FC s’est relancé, donnant raison finalement au discours lunaire de son président, qui apparaissait totalement déconnecté d’une réalité inquiétante, il y a de cela quelques semaines. Mais qui aura finalement eu bon nez que de calmer un terrain agité en le cultivant d’une stabilité bienvenue. Cela ne veut pas dire que tout va pour le mieux, que plus rien n’est perfectible (au contraire), mais on peut y voir là le mérite d’une gestion qui s’appuie sur une confiance qu’elle cherche à imposer. Celle-ci se retrouve parfois chez certains joueurs, dans un collectif susceptible de s’affirmer, en témoigne cette entrée fantastique d’Antunes (à sa vraie place) face au LS.
A Geiger désormais de cultiver ce goût du risque, à travers cette posture plus audacieuse, pour exploiter, développer et mettre à profit davantage ce potentiel grenat que l’on découvre plus important qu’estimé, et que l’on peut imaginer plus fort encore que considéré.
Et même si une défaite face à un Bâle parfois poussif, mais talentueux, devait se produire, l’essentiel se situe, comme nous avons pu le voir récemment, ailleurs, dans une perspective plus globale. Dans cette capacité à développer un projet en lui portant corps dans une réflexion cohérente, une gestion confiante, et un coaching moins figé.
GrenatDC
Un grand merci pour commentaire .
Tout est très bien écrit et bien dit.
L’´analyse est en tout point pertinente et objectif.
Comme tu le dis la mue qui est entrain de voir le jour appelle à de belles satisfactions futures.
Bien sûr rien n’est encore définitivement acquis mais le chemin est tracé et le tunnel est je l’espère derrière nous.
Geiger doit continuer à se remettre en question à chaque match en composant une équipe cohérente qui allie le calme , la sérénité et l’audace.
L’effectif à disposition est de qualité et bien réparti entre les joueurs d’expérience et les jeunes de notre académie.
Je suis certain que d’autres Imeri vont bientôt fouler les pelouses de Suisse et ensuite de l’étranger.
L’image était belle avec 4 joueurs formés au club qui brandissait le drapeau genevois lors de la victoire de l’équipe de Suisse contre la Bulgarie.
Merci aux dirigeants , aux entraîneurs, aux joueurs et aux supporters qui match après match entretiennent la légende du Servette.
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Merci pour cette article. 🙂
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Cet article met bien en évidence les causes du trou d’air qu’a connu Servette, à savoir la frilosité de l’entraîneur et le fait qu’Imeri n’ait dû sa place qu’à l’absence de Cognat . S’il avait joué l’intégralité des matchs lors de cette période trouble et, de ce fait, ayant emmagasiné de la confiance, Servette aurait plus de points. Il y a des entraîneurs audacieux (Murat Yakin) qui font confiance aux jeunes et d’autres qui préconisent de jouer avec le frein à main (Geiger). Espérons que ce trou d’air que Servette a connu ne sera plus qu’un mauvais souvenir.
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Moi je suis plus circonspect car Imeri a aussi beaucoup changé dernièrement et mérite d’être titulaire seulement maintenant. Geiger avait raison, la preuve!
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Je plussoie à 100%. Le raccourci est facile, Imeri flambe depuis quelques matchs et il aurait été la solution à tous nos problèmes. Et si on prenait la progression de notre joyau sous un autre angle : celui de la patience, celui où le joueur se forge autant un mental qu’une aisance technique, celui où les étapes ne sont pas grillées. L’histoire a montré que pour 1-2 joueurs qui réussissent, des dizaines se perdent car vu trop vite trop haut, trop beau. Imeri s’est construit, par son travail technique et mental et également par la gestion intelligente de l’entier du staff technique. Il arrive à maturité maintenant et rien ne dit qu’il l’était il y a 6 ou 12 mois. Le fait qu’il ait dû batailler pour arriver là où il est aujourd’hui ne peut être que bénéfique, car il a appris le sacrifice et le goût de l’effort (voire la frustration), ce qui est bien plus profitable que de tomber dans la facilité lorsqu’on est encensé trop jeune. L’essentiel n’est pas d’arriver à maturité à 17 ans, l’essentiel est d’arriver à maturité tout court…
Oui Geiger est un entraîneur old school, oui il a de gros points pouvant être améliorés, oui il y a des aspects tactiques et de gestion parfois énervants, mais quel entraîneur du SFC depuis 10 ans peut fournir un meilleur bilan ? Et surtout un jeu si attrayant ? Quelqu’un ici se rappelle de l’ère Cooper… ?
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Entièrement d’accord ! Cet article est une suite de raccourcis faciles dénués de liens de cause à effet, qui au final, démontre uniquement un biais négatif concernant geiger de la part de son auteur.
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Entièrement d’accord. Il a lui même a demi mots admis qu’il ne faisait pas autant d’efforts sur l’hygiène de vie les années précédentes que cette saison. Les saisons précédentes, il était irrégulier, parfois des coups d’éclats et parfois transparents.
Il n’a cessé de progresser régulièrement ces dernières saisons. Il est vrai aussi qu’à gauche il est moins à l’aise que dans l’axe.
De plus cognat et Valls sont d’excellents joueurs. Il n’était pas illogique qu’il ait moins de temps de jeu qu’eux.
Yakin aussi ne lui a donné sa chance que quand il y avait beaucoup d’absents en équipe suisse.
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Un grand merci pour cette très bonne analyse ! Vivement la prochaine ! Par contre il n’y a pas de raison, il faut battre Bâle et vraiment se mettre au chaud pour l’hiver …. Allez Servette !
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Concernant Imeri ce joueur à lui seul a apporté quelque chose qu’il manquait cruellement depuis un bon bout de temps, de la menace sur les coups francs. Mis à part les quelques rares pépites de Micha ces dernières années ils étaient pour la grande majorité inoffensifs.
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Comme les corners
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C’est Geiger qui voit les joueurs à l’entraînement….pas les supporteurs !! Il est là maintenant depuis 3 ans…avec des résultats….la montée directe devant Lausanne et Aarau….le maintient voir plus dès la première année…. Avec un budget limité !! Pour les jeunes, ce n’est pas facile pour les faire jouer avec ce championnat à 10, surtout cette année, car il n’y a pas de petite équipe !!! L’équipe a toujours joué même dans les défaites même à dix. Il manque entre 3 et 5 points (matchs contre GC et Saint Gall). Sur ce match que je n’ai pas vu….il y a moyen de marquer un but déjà en première mi-temps… Aller Servette
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