Encourageons-nous ! Dans un peu plus de trois mois au plus tard nous serons fixés sur le maintien dans l’élite ou non du Servette FC. Si les Grenats n’ont encore jamais mordu dans le fruit amer de la relégation sportive, il s’en est parfois fallu d’assez peu ! Petite excursion dans les périlleux bas-fonds de l’Histoire des Grenats…
1931-1932 : l’imbroglio des faux étudiants
Pendant longtemps, le championnat suisse de football s’est déroulé sur le principe des poules régionales, seuls les vainqueurs de groupe s’affrontaient pour les finales nationales. Cela laissait de la marge au Servette FC, fréquemment vainqueur du groupe Ouest. Pourtant, à l’orée des années 1930, il n’en faudra que d’un cheveu pour que le club ne bascule à l’échelon inférieur alors que la saison s’était présentée sous d’excellents auspices…
Renforcé par son ancien gardien, l’international Frankie Séchehaye revenu de son crochet parisien (il avait remporté la Coupe de France avec le Club Français) ainsi que par l’ailier international Jaeck, Servette est richement doté d’autant plus qu’une pléiade d’étrangers grossissait les rangs des Grenats, au premier rang desquelles : Francesco Rier en provenance de la Juventus de Turin et Tax, le virtuose du First Vienna. La saison débute bien pour les Grenats qui obtiennent différentes victoires et sortent Lausanne-Sports de la Coupe devant 10’000 spectateurs conquis en décembre 1931.
L’année 1932 débute avec l’engagement d’un défenseur autrichien renommé : Karl Jestrab mais apporte ensuite une bien cruelle désillusion : fin janvier, suite à un protêt déposé par le Lausanne-Sports demandant l’examen des diplômes des Servettiens immatriculés à l’Université de Genève, l’ASFA prononce l’élimination de la Coupe par forfait de Servette ainsi que le retrait de 6 points acquis en championnat en alignant 4 étrangers au lieu des trois autorisés. En début de saison, il avait en effet été décidé que les étrangers immatriculés dans une université ne seraient pas considérés comme étrangers sur les terrains de football. Rier et Rappan sont alors immatriculés à la Faculté des Sciences économiques et sociales. Contestant ce tour de passe-passe, l’ASFA, sous la férule de M. Eicher des Young Boys, conteste rétroactivement la régularité de ces immatriculations. Tant le recteur Fehr que le Conseiller d’Etat chargé de l’Instruction publique Bron montent alors au créneau pour attester de la qualité d’étudiant de Rier et Servette fait recours. Rien n’y fait, les Grenats sont rétrogradés à la dernière place et sont désormais contraints de composer une équipe de bric et de broc. Lorsque Servette dispose de Aarau 4:1 à l’occasion de son dernier match, il est antépénultième avec un point d’avance sur Old Boys Bâle qui compte un match en moins. Si d’aventure les Bâlois l’emportent, c’est la culbute pour les Grenats… Sauvés par le succès d’Etoile La-Chaux-de-Fonds sur les Bâlois, les Servettiens doivent alors affronter les Chaux-de-Fonniers en match de barrage. A Neuchâtel, Servette vend chèrement sa peau, dominé, il regagne les vestiaires avec un résultat flatteur à la mi-temps (1:1), les Grenats se tirent finalement de ce sale pétrin en l’emportant 5:1, le match se finit en bagarre générale sous les yeux de monsieur Eicher qui récolte les fruits de son long travail de sape… A noter que les Ugéistes avaient également un fort contingent d’étrangers cette saison-là, il arrivait alors que les étrangers des deux équipes affrontent les nationaux des deux équipes pour des matchs amicaux très goûté du public !

1938-1939 : le coup de collier du printemps
Lorsqu’un SFC un brin malchanceux perd le choc face à Grasshoppers aux Charmilles le 22 janvier 1939 aux Charmilles devant 7’500 personnes, le club dévisse jusqu’à l’avant-dernier rang d’un championnat très serré. L’effectif grenat est de qualité, cinq joueurs font partie du cadre de l’équipe de Suissse, mais son jeu pêche par lenteur et surtout manque d’efficacité offensive. Sur la selette : les étrangers. Revenu de France, le Hongrois Istvan Grosz n’apporte pas le tranchant attendu. Ses compatriotes Pinter et Grosz peinent également à convaincre. Quant aux espoirs du cru, André Belli et Genia Walascheck, ils sont accaparés par leurs études. La défaite contre Grasshoppers sonne le signal du réveil : les sept derniers matchs du championnat se soldent par six victoires qui permettent d’accrocher finalement le quatrième rang ! L’année suivante, le SFC sera un magistral champion avec quasiment le même effectif !
1944-1945 : retour en grâce salvateur de Philippe Fuchs
Cette saison-là fut pour le moins perturbée : la fin de guerre troublée oblige la Suisse à une mobilisation partielle qui conduit au report à octobre du début du championnat, une nouvelle réglementation en matière de transferts force trois néo-Servettiens à prendre leur mal en patience une saison et pour couronner le tout, plusieurs pions importants des Grenats manquent à l’appel : André Belli est blessé, Jacky Fatton est sous les drapeaux, Tony Ruesch est gravement malade… A la mi-avril, Servette est avant-dernier. Longtemps suspendu par le club, Philippe Fuchs refait son apparition. Son retour coïncide avec un redressement des Grenats qui accrochent finalement le neuvième rang. Cet espoir du football genevois rejoint alors l’Olympique Lyonnais et ne prendra pas part au tourbillon servettien couronné d’un titre la saison suivante.

1958-1959 : qualification opportune des Hongrois
En juillet 1958, Frankie Séchehaye prend la direction d’une équipe servettienne qui sort d’une saison ratée. Il procède à un profond remaniement de l’effectif du SFC qui accueille en particulier le talentueux avant-centre yougoslave Papec dont la qualification ne viendra malheureusement jamais… Après 10 matchs, Servette ne comptabilise que 7 poins et figure à l’avant-dernier rang. En décembre, les prometteurs juniors hongrois arrivés deux ans auparavant à Genève sont qualifiés. Alignés une première fois contre le FC Zurich, Didier Makay et Valer Nemeth sonnent le réveil servettien (3:1). Cette victoire en appelle d’autres pour des Grenats métamorphosés par cet apport. Servette se fraye alors un chemin jusqu’en finale de la Coupe mais dans le même temps se déconcentre un peu en championnat. La finale de Coupe est perdue sans vraiment combattre contre Granges et la situation en championnat est redevenue critique : à cinq journées du terme, l’avant-dernier UGS est à deux points des Grenats. Ce sont toutefois finalement les Violets qui passent à la trappe de même que l’entraineur servettien Séchehaye qui cède sa place à Jean Snella…

1967-1968 : la fin d’une époque
Lorsque Snella tente une seconde aventure à la tête des Grenats après ses prodiges du début de la décennie, le public comprend bien vite que l’Histoire ne repasse pas les plats : son onze est vieillissant, statique et bien vite dépassé à l’extérieur. Nemeth, Schindelholz, Heuri ou Georgy n’ont plus l’apport qu’ils avaient quelques années plus tôt, Philippe Pottier est presque trentenaire. De jeunes réservistes s’impatientent mais Snella tergiverse. A l’issue du premier tour, Servette n’a recolté que 11 points et campent à la dixième place. Au printemps, l’arrivée du buteur Amez-Droz (10 buts) permet de limiter les carences offensives mais Servette se morfond en fin de classement. Le 24 mars, un Servette très défensif cueille enfin une victoire à l’extérieur (0:3 contre Young Fellows). Sion, Young Fellows et Granges, tous battus ce jour-là, ont désormais respectivement 1, 5 et 6 points de retard sur les Grenats qui devront jusqu’au terme se contenter de ce modeste onzième rang.
1968-1969 : morosité persistante
La saison qui suit n’est guère plus emballante. Snella reconstruit sa défense autour du libéro Yougoslave Kovacic, mais Servette ne convainc pas. Les réserves survolent leur championnat mais Snella répugne à faire appel à ses meilleurs éléments. Servette finit l’année 1968 cahin-caha en championnat mais se qualifie pour la demi-finale de la Coupe. A la reprise, Servette accumule les faux pas et après dix-sept journées, l’avant-dernier n’est plus qu’à un point. Un beau succès contre le leader Lausannois permet aux Grenats de respirer avant le match de Coupe contre Saint-Gall. Désarçonnés par la rugosité des Brodeurs, les Grenats s’inclinent 3:0. En fin de championnat, les buts de Michel Desbiolles ne sont pas de trop pour éviter la culbute…
1970-1971 : L’apport de Dörfel
Lorsque les Servettiens vont battre Fribourg le 6 septembre 1970 grâce au grand match de leur nouvelle recrue l’Allemand Bernd Dörfel auteur de 2 buts, ils se hissent au quatrième rang du classement et ne se doutent probablement pas qu’il leur faudra attendre de retrouver le même adversaire, presque six mois plus tard, pour célébrer une nouvelle victoire en championnat ? Après seize journées, ils n’ont que deux maigres points d’avance sur l’avant-dernier Fribourg. L’alliage Pottier – Dörfel péclote, l’équipe n’a pas le rendement attendu mais réalise néanmoins un beau parcours en Coupe dans les dernières minutes, un but de Dédé Bosson contre Lausanne-Sports lui ouvre même les portes du Wankdorf. Quatre jours après cette demi-finale, il faut retrousser les manches pour venir à bout des Pingouins. Dörfel et Marchi marquent les deux buts qui permettent d’éloigner le spectre de la relégation. La fin de championnat sera meilleure et une victoire (2 :0 contre le favori Lugano) mettra un peu de baume au coeur après tant de saisons ratées et permettra à Snella de passer dignement la main.

Jacky Pasteur et Germinal Walaschek
La semaine prochaine : Servette échappe à la relégation (seconde partie)
Dernière chronique : Moyennes de spectateurs et affluences record pour les matchs du Servette FC à domicile (1955-2012)
en gros si je comprend bien la dernière fois qu’on a tremblé sportivement parlant c’était dans les année 70…
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Salut boubou, regarde le titre : “première partie”, attends encore un peu la semaine prochaine !
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J’me souvient la saison 94-95 lors du tour contre la relégation c’était limite limite…
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En effet c’était très limite,j’ai encore le souvenir d’une
défaite 1a0 contre Carouge aux charmilles.Vivement
la semaine prochaine pour la suite.
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je c’est je suis né en 1989 donc je suis pardonné…
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Aïe l’orthographe boubou stp!!! Je SAIS, c’est plus correct 🙂
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Merci, bon article ! Vivement la suite !
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Un grand plaisir de voir la photo de Dorfel,un des tous grands
attaquants étrangers qui a porter le maillot grenat.
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