A quoi pourrait ressembler un musée du Servette FC ?

Notre club chéri fêtera la semaine prochaine ses 122 ans. Faisant partie des cinq grands du football suisse, il dispose d’une Histoire féconde qui mérite d’être écrite et exposée. Dès l’aube de son existence, Servette a pu compter sur des personnalités avec des visions pour le sport, notre club, notre ville voire notre pays. Dès 1900, on évoque avec respect le „grand club genevois“. De même, le nom „Grenats“ nous a été transmis quasiment depuis les origines. Par la suite, Servette a continuellement vu éclore des figures d’exception : des présidents et entraîneurs de légende, des joueurs et équipes de talent et une avalanche de titres qui ont sans cesse amplifié cette gloire. (Au niveau des présidents, il y eut naturellement des hauts et des bas récemment…). D’innombrables joueurs ornent les annales de la  „Nati“ ou d’autres équipes nationales. Bref, s’il est un lieu où il y a une Histoire et de petites histoires sur le thème du football, c’est bien Genève. Cette chronique, au fil de vos nombreux clics, espère vous l’avoir déjà prouvé. Dans ce paysage, un élément manque toutefois : pourquoi diable n’y a t-il pas de musée du Servette ? Où pourrait-il se situer ? Qu’est-ce qui devrait être fait ? Quels thèmes pourrait-il présenter ?

Notre adversaire de ce week-end est à bien des égards largement en avance sur nous ! Le FC Zurich est solidement charpenté : plus de 50 personnes travaillent à sa gestion et ce club dispose d’un musée dont est chargé un historien qui y travaille à temps partiel (70%) ! En général, des initiatives de supporters sont à l’origine des musées de clubs de football. En Allemagne, ce sont presque toujours des collectionneurs ou des fans passionnés qui ont fait les premiers pas avant que le club ne mette aussi la main à la pâte lorsque l’effort financier ou l’investissement en temps étaient devenus trop lourds à supporter pour une personne privée ou un fan’s club. Dans le cas du FCZ, c’est exactement l’inverse qui s’est produit.

Un musée rendu possible par un Grenat !

Il y a de cela quelques années, le FCZ prenait son envol vers des sommets inattendus sous la houlette de notre „Lulu“ (pas Pasteur ni Leduc). Deux fois titrés, les Zurichois ont vu s’ouvrir les portes de la Ligue des Champions. Le président Ancillo Canepa (lui-même un collectionneur) a mis à profit la manne des campagnes européennes pour lancer divers projets s’inscrivant dans la durée, entre autres un musée.

Comment s’y sont-ils pris ?

Le FC Zurich rendit d’abord public que le club collectionnait les vieux objets et projetait de nouvelles archives pour le club. Le président s’est ensuite en personne adressé ses demandes  au grand public. Des journaux gratuits, heureux de l’aubaine, ont répercuté ce thème. Par la suite, les membres, les ex-joueurs et les ex-employés se sont tous vus adresser un courrier. Deux journées de collecte publique dans la ville ont également connu un beau succès, les objets les plus inimaginables ont refait surface (une coupe des années 1940, un pullover Köbi Kuhn fait à la main, des fanions de matchs de Coupe d’Europe, d’anciens maillots et des équipements de fans – écharpes, drapeaux, gilets- ainsi que la toute première chronique du club avec bien des éléments oubliés dont le premier logo !). Les collectionneurs avaient bien entendu la possibilité de donner leurs trésors ou tout simplement de les prêter. De nombreux appels en provenance de maisons de retraite s’avérèrent d’excellents filons. De vieux fans du club avaient encore quelque part un carton à chaussure rempli de photos et de souvenirs. La plupart du temps, ils se sont réjouis que leur matériel tombe dans de bonnes mains. On les a également enregistrés narrant leurs anecdotes et leurs souvenirs. Par ailleurs, de nombreuses pistes ont conduit vers les archives sportives, immobilières, communales ou encore télévisées. S’occuper des collectionneurs, lister et archiver les objets nécessita d’y consacrer bien du temps.
Beaucoup de vieux documents imprimés (procès-verbaux, publications, bulletin du club, programmes de matchs), des photos dédicacées, des photos (photos du club, collections et albums privés), des documents audio, des films et des vidéos (disques, enregistrements radiophoniques, films amateurs) ont ainsi été rassemblés.

Un beau résultat

Le club zurichois décida d’utiliser ce matériel pour le musée, le livre-chronique du club (Eine Stadt. Ein Verein. Eine Geschichte), différentes publications imprimées mais aussi en ligne. Les coûts ont été pris en charge par une fondation proche du club. Le conservateur du musée y travaille à temps partiel et la durée de son emploi est fixée à deux ans (y compris la mise sur pied du musée). Le montant des dépenses pour l’édification du musée zurichois est connu, mais dans notre cas sans importance (du moins pour l’instant…) Quoi qu’il en soit, le musée du FCZ a permis la réalisation de bonnes idées et même pour un visiteur dont la moelle est grenat, ce musée mérite un détour. Les fans des équipes adverses y sont d’ailleurs chaudement accueillis, ce qui ne gâche rien ! Le 13 mai prochain, nous jouerons à nouveau à Zurich, le musée est ouvert les jours de match et est situé à environ 200 mètres du Letzigrund. Si des Grenats sont intéressés par une visite guidée le 13 mai prochain. Ils peuvent se manifester !

FCZ – Museum
Letzigraben 89
80003 Zürich

http://www.fcz.ch/profis/museumprojekt.htm

Visionnement des archives: www.fczarchiv.ch

L’entrée s’élève à cinq francs.

Où devrait être le musée du Servette ?

Jusque dans les années 1980, Servette jouissait d’un fort rayonnement en France voire même en Europe. On imagine volontiers qu’à l’époque, de temps à autres, des touristes du centre-ville seraient venus s’égarer dans une musée servettien. Aujourd’hui, cela ne serait probablement plus le cas. A l’heure actuelle, le seul emplacement entrant en ligne de compte est La Praille. C’est l’avis auquel s’était d’ailleurs rangé ex-Magic. Cette solution semble la plus raisonnable, tant au niveau des coùts que des heures d’ouverture. Le musée pourrait ouvrir à midi les jours de match. Classiquement, ce musée/archives auraient pour vocation de collectionner et de conserver les éléments ayant trait à l’histoire du club ainsi que d’effectuer un travail de recherches et de transmission de son contenu.

Quels thèmes proposer ?
Naturellement, il s’agirait de transmettre la tradition, l’histoire et les grands succès de notre club. Les figures légendaires du passé (joueurs, entraîneurs et présidents) pourraient être présentées de façon vivante. La grande Histoire et les petites anecdotes pourraient être visionnées par le truchement de vidéos. Les deux stades offrent encore un autre thème. On pourrait revivre les soirées de Coupe d’Europe, les titres de champion, les victoires en Coupe mais aussi les passions, les déceptions, les grosses douleurs. Des statistiques, des résultats et des photos pourraient être trouvées par ordinateur.
Un sondage pourrait être réalisé pour savoir quels thèmes intéressent les Genevois (si nécessaire même par le biais de la TDG). Il devrait y en avoir pour tous les goûts et tous les âges : des rubriques comme : savais-tu ?, des maillots, de vieux logos, des fanions, des coupes, les sommets et les creux de la vague, un coin livres, des images animées, des présentations, de la musique… Des expositions temporaires pourraient à diverses occasions attirer des visiteurs. L’actuel club „Hall of Fame“, également né sous l’ère de l’ex-Magic, pourrait être partie prenante. Un de 68 anciens joueurs aurait certainement deux heures de temps libre les jours de match pour tailler une bavette avec les fans. Idéalement, le musée pourrait servir de point de rendez-vous. Pourquoi aller boire une bière dans la pizzeria d’en face avant le match alors qu’il y a au stade un joli petit coin avec des photos de Fatton, Pasteur et Desbiolles au mur ?

Une boutique de supporters ?

Le musée pourrait être utilement complété par une boutique digne de ce nom. Tout ce qui réjouit un coeur grenat devrait être proposé, le club y trouverait sans doute un revenu appréciable : maillots, sous-vêtements, serviettes de bain, sacs, chaussures, casquettes, téléphones, autocollants, poster, livres, DVD, etc. Pour Servette, c’est malheureusement encore une immense jachère alors que chez les quatre autres grands du football helvétique, c’est le strict minimum…
Outre la lacune du musée, il n’existe pas de chronique actualisée du club et nous fêterons bientôt nos 125 ans. Mais là, c’est déjà un autre sujet…

La semaine prochaine : le grand Servette met fin à quinze ans de disette à Bâle

Dernière chronique : Servette échappe de justesse à la faillite

Et puis, pour ceux qui veulent un peu de sport, nous avions consacré une précédente chronique à un grand Servette-Zurich du passé: Match contre Bienne : avant des rencontres capitales contre Zurich, le SFC annonce le départ de son entraîneur étranger qui a ramené le club sur le devant de la scène …

Jacky Pasteur et Germinal Walascheck