Il n’a jamais été aisé de gagner à Bâle. Une équipe servettienne d’exception y était néanmoins parvenue après une longue attente. Au passage, nous croiserons des gueules de bois, un gardien propulsé attaquant et les adieux d’un grand monsieur…
Lorsque les Servettiens affrontent le FC Bâle sur sa pelouse le samedi 23 juin 1979 à l’enseigne de la dernière journée de championnat, le sort est déjà jeté : les Grenats sont champions depuis deux journées. Statistiquement, la rencontre recèle toutefois une importance de prestige : le SFC concluera-t-il ce tour final avec une dixième victoire en dix matchs ? Si tel était le cas, il mettrait fin à une traversée du désert de 15 ans sans succès en championnat sur les bords du Rhin : la dernière victoire des Grenats remonte en effet au 13 décembre 1964. A l’époque, pour ceux qui situent, des buts des ailiers Schindelholz et Nemeth ainsi que de Daïna avaient permis aux Servettiens, bien que privés de Barlie, Bosson et Vonlanthen, de prendre la mesure d’un FC Bâle qui avait égalisé à deux reprises par l’entremise de Frigerio. Au classement, Lausanne menait le bal devant La Chaux-de-Fonds, Sion et Servette… Par la suite, les Grenats avaient même essuyé quelques déculottées… On vous rassure toutefois : aux Charmilles, le FC Bâle n’était guère plus brillant.
Une préparation singulière
Confrontés à des Bâlois déjà hors-course pour une qualification européenne, les Grenats avaient connu une préparation pour le moins particulière : dans la semaine précédant le match, ils avaient dû rejouer la finale de la Coupe de Suisse contre Young Boys, la première manche s’étant soldée par un résultat nul. Le deuxième essai aura été le bon pour les Grenats. Auteurs d’une somptueuse victoire sur les Bernois, ils avaient ensuite dignement fêté cette quatrième trophée conquis cette saison-là (après la Coupe de la Ligue, la Coupe des Alpes et le championnat) en l’arrosant copieusement. « Nous avions du champagne dans les jambes » confiera Piet Hamberg après le match. Bertine Barberis évoquera également plus tard une nuit blanche fortement éthylisée.

Encore un petit chef d’oeuvre
Les 4000 (eh oui, pas plus !) spectateurs du stade Saint-Jacques voient un départ rapide de leurs protégés avec une ouverture du score par Demarmels. Ce n’est qu’un feu de paille. Didi Andrey égalise dès la 8ème minute. Les Grenats prennent peu à peu la mesure de leur adversaire déliquescent. A la reprise, en l’espace de dix petites minutes, les Bâlois, incapables de soutenir le rythme imposé par les Grenats dans leurs attaques, sont asphyxiés par une réussite de Barberis suivie de deux buts de Joko Pfister. Dernière fantaisie des champions : le gardien titulaire Karl Engel, qui avait pour l’occasion cédé son poste à Milani, est introduit dans les ultimes minutes de jeu en attaque en remplacement de Dutoit !

Les adieux du grand blond
Un homme a réussi sa sortie : le blond Joko Pfister, auteur d’un doublé pour ses adieux au maillot grenat. Animateur essentiel du secteur offensif servettien durant plusieurs saisons, il quitte les Charmilles pour rejoindre Grasshopper, persuadé d’avoir atteint un sommet et qu’il lui sera désormais impossible d’aller plus haut avec Servette. On le fleurit pour son départ. Au Sédunois Sarrasin échoit la lourde tâche de le remplacer, ce sera un cuisant échec… Un autre Grenat renonce en revanche à aller planter sa tente sur les bords de la Limmat : l’infatiguable récupérateur Marc Schnyder, fortement courtisé par le FC Zurich rempile au Servette FC pour quatre ans supplémentaires. Il finira d’ailleurs sa carrière dans son club de toujours.

Bilan de la saison
Servette, meilleure attaque et meilleure défense, réussit donc le bel exploit d’avoir remporté tous ses matchs du tour final alors les Bàlois sont lanterne rouge. Young Boys, Grasshoppers et Zurich sont européens, mais pas le FC Saint-Gall. Le doyen des clubs helvétiques avait été la révélation de la saison avant d’échouer sur le fil. Chênois, auteur d’une belle sason (élimination malheureuse en demi-finale de la Coupe), termine largement en tête du tour contre la relégation et assure, pour un temps encore, une double présence genevoise en LNA, Lausanne, en proie à des problèmes d’argent, est un moribond dixième. Le FC Bàle se remettra de sa saison calamiteuse en remportant au finish le championnat l’année suivante avant de sombrer dans l’anonymat puis la LNB. Ce n’est qu’au début des années 1990 que le club retrouvera des couleurs avant la flamboyance actuelle. Avec ce titre, Servette inscrivait in extremis son nom au palmarès des années 1970 dominées de la tête et les épaules par les clubs des grandes villes (GC, YB, FCZ, FCB).
Pour le plaisir, on ne s’en lassera jamais, voici l’équipe que Servette a alignéen cette soirée de juin à Bâle : Milani ; Guyot, Valentini, Coutaz, Bizzini ; Barberis, Andrey, Schnyder ; Pfister, Hamberg (Weber), Dutoit (Engel).
Trinchero, Elia et Peterhans étaient blessés
Servette n’a plus gagné au Parc Saint-Jacques depuis le 25 octobre 1998 (grâce à Frank Durix). Et si cette fois-ci on n’attendait pas 15 ans ?
La semaine prochaine : Eric Burgener, dans la veine des grands gardiens lémaniques
Dernière chronique : à quoi pourrait ressembler un musée du Servette FC ?
A l’occasion de Noël, nous avions consacré une chronique à l’exceptionnelle cuvée 1979 du SFC
Jacky Pasteur et Germinal Walascheck
Et pour ceux qui souhaitent BEAUCOUP d’Histoire, toujours une bonne adresse :
Magnifique reportage. Au fait, savez vous ce qu est devenu yoko?
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Si comprendre l’allemand n’est pas un probleme, les maroons l’ont interviewe il y a peu :
http://www.biopartner.ch/maroons/inh6861.asp
Professionnellement, il était en 2010 encore représentant d’articles de bureau.
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merci!
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J’ai transmis l’article a sont neveu,
peux être répondra-il ici!
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Tu peux me donner son mail, j’aurais quelques questions à lui poser. Merci.
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Vraiment excellents ces reportages flashbacks en écho de l’actualité !
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hors sujet mais le site est tellement sympa que je me demandais s’il était possible de recenser tous les maillots du servette depuis sa création?
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Une belle idée pour une nouvelle rubrique http://www.super-servette.ch, à creuser !
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Il est prévu depuis un certain temps. Je vais certainement le faire! Promis. Je manque un peu de temps …
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ça c’est une bonne idée!!!!
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