Super-Servette et les Enfants du Servette : les noces de coton !

Un an déjà… improbable rencontre d’un site qui suit le club grenat « de minute en minute » et d’un autre , – www.super-servette.ch-, dont l’échelle se situe plutôt au niveau des siècles qui passent… A l’heure où nos joueurs ont parfois les jambes en coton car d’aucuns (nous n’en sommes pas) prétendent que Joao les a élevés dans le coton et où la suite de la saison risque d’être coton, nous souhaitons que l’équipe cesse de filer son mauvais coton et nous sommes heureux de vous inviter à partager nos noces de coton. De toutes les matières, c’est l’Histoire qu’on préfère !

Depuis un an, à l’approche du match du week-end, selon l’adversaire ou l’actualité ou simplement au gré de nos envies, nous vous distillons une petite page d’Histoire sur les matchs, les joueurs ou les événements qui ont peu à peu forgé la légende servetienne. C’est ce patchwork, où manquent encore bien des pièces, que nous vous proposons aujourd’hui de retricoter en notre compagnie. L’occasion de relire ou de découvrir ces textes qui ont pour nous rythmé les 12 derniers mois. Cliquez sur les parties du texte qui vous intéressent pour relire les chroniques concernées !

Commençons par le commencement : à sa fondation en 1890, Servette était tout d’abord un club de rugby qui a étendu ses activités vers d’autres sports dont le football. Les premières décennies du XXème siècle ont vu l’émergence des équipes nationales. En Suisse, le Servette FC accompagne les premiers pas de la Nati. Dans les années 1920, on savait déjà pinailler, recourir, déposer protêt, à tel point qu’une fois le titre de champion ne fut tout simplement pas attribué ! Le football servait aussi déjà de prétexte pour exacerber les différences culturello-régionales

Dans les années 1930, Servette confine parfois au sublime grâce au virtuose viennois Ignaz Tax ou à l’orfèvre-maison Passello. Le club flirte également une première fois avec la faillite sous la conduite débonnaire d’un margoulin de gros acabit. Peu avant, les Servettiens s’étaient illustrés lors de la Coupe du Monde italienne de 1934. Avec ses inséparables lunettes, Léopold Kielholz devient le canonnier attitré de la Nati. Le football s’internationalise alors à la vitesse grand V, les joueurs slaves débarquent en Suisse et même les Chinois sont de la partie ! Avec le sans-papier Genia Walascheck, accompagné du polyvalent Albert Guinchard et du toujours fidèle Ernest Lörtscher, le club continue de tenir le haut du pavé au cours de la seconde moitié de la décennie.

Dans une Europe chamboulée par l’irruption du second conflit mondial, les Servettiens réalisent une saison d’anthologie couronnée d’un titre décroché haut la main. Même le « vieil adversaire de tous les temps » doit s’avouer vaincu. La rage de vaincre de l’entraîneur-joueur Trello y est pour beaucoup. Au sortir de la guerre, c’est le « tourbillon grenat » qui souffle sur les pelouses de Suisse.

Dans les années 1950, les cages servetiennes furent longtemps gardées par l’inénarrable Eugène Parlier. A défaut de titre, les Servettiens réalisèrent de belles saisons comme en 1954-1955. Aux débuts des années 1960, le Servette FC était irrésistible, il avait par exemple passé à la moulinette le FC Sion pour les débuts valaisans en LNA. Il pouvait compter sur la solidité de son gardien René Schneider. Le club était alors véritablement multisports : footeux et hockeyeurs croisaient la crosse pour le plaisir. Au grand entraineur Jean Snella allait succéder une certaine instabilité et des bisbilles durement ressenties.

Après un creux, la lente montée en puissance du Servette FC au cours de la décennie 1970 doit d’abord beaucoup à la rigueur insufflée par le coach allemand Sundermann. Son départ est l’occasion d’un psychodrame à un moment où Servette est par ailleurs condamné par la cour des prud’hommes, ce qui ouvre la voie au football professionnel en Suisse. Le successeur de Sundermann, le regretté Peter Pazmandy, hisse encore Servette un cran plus haut, même s’il doit parfois se passer de son attaquant Joko Pfister lourdement rudoyé. Pour finir en beauté, Servette gagne tout lors de l’ultime saison de la décennie, pour la plus grande joie de son capitaine Gilbert Guyot qui s’emploie à soulever les trophées les uns après les autres. Les Grenats se payent même le luxe d’enfin aller l’emporter au Stade Saint-Jacques. Pourtant, en début de saison, l’équipe avait frôlé le code sur le terrain saturé de spectateurs de la modeste Rondinella. Une famille appelée à faire souche sur les terrains genevois commençait à s’illustrer à l’époque : les Ruefli.

Au début des années 1980, Servette a enthousiasmé plus d’un spectateur. Se livrant un sempiternel mano a mano avec les Grasshoppers, les Servettiens ont été une fois trahi par une préparation fatale sur le Continent noir. De ce même continent viendra bientôt le Ghanéen Opoku N’ti, un précurseur du déferlement des footballeurs africains de talent en Europe. Auparavant, les rockeurs du Beau lac de Bâle avaient immortalisé quelques Grenats. Les succès servettiens devaient beaucoup à la maestria du portier Eric Burgener mais aussi aux jeunes pousses prometteuses piquées à Xamax, sans oublier l’intransigeant défenseur wallon Michel Renquin prêt à sacrifier sa sélection nationale… Un regret : les parcours européens trop souvent prématurément écourtés alors qu’il y avait matière à faire mieux. La deuxième moitié de la décennie sera moins flamboyante mais l’extraordinaire opportunisme du regretté Danois John Eriksen fera néanmoins vivre de belles soirées ! C’est dans ce contexte que le fidèle fan’s club Deutschweiz’86 voit le jour.

Trait d’union avec la décennie qui précède, le Belge Michel Renquin prend la tête de l’équipe en 1991 avec un certain succès. Au bout du suspense, Servette décroche ensuite un nouveau titre en battant Young Boys chez lui. L’entraîneur du sacre allait néanmoins devoir faire ses valises peu après pour céder sa place à Bernard Challandes pour une opération « maintien ». La décennie 1990 allait se clore en beauté avec un titre arraché sur la pelouse détrempée de la Pontaise un soir de juin.

La première décennie du vingt-et-unième millénaire a d’abord été marquée par une victoire en Coupe de Suisse puis par l’adieu au vénérable et inoubliable stade des Charmilles. Dans leur nouveau stade de la Praille, les Servettiens décrocheront une première victoire contre le FC Zurich. Un parcours européens les mènera dans la lointaine et exotique Arménie. En faillite, relégué en première ligue, le Servette FC y rencontre des adversaires bucoliques tels que Guin. Plus tard, un homme d’affaires iranien reprendra le club et assistera à une première victoire contre Thoune. Enfin, un joueur devenu formateur, avait fait le lien avec la décennie précédente : Sébastien Fournier.

Revenu dans l’élite, Servette vit une saison épique dans les griffes d’un président despotique et irresponsable. Elle se terminera en une chanceuse apothéose doublée d’un sauvetage miraculeux.

Certaines chroniques ont plus ou moins balayé le siècle : pour évoquer les relations croisées avec les Verts stéphanois, pour mentionner l’apport de Servettiens à des équipes nationales étrangères ainsi que présenter les palmarès comparés du Servette FC et du FC Bâle ou encore les affiches de matchs qui ont purement et simplement disparu. Une chronique se proposait aussi de revivre quelques grands moments de l’actualité du XXème siècle à travers le destin de joueurs grenat.

Dans une perspective d’avenir, nous nous sommes interrogés sur ce que pourrait être un musée retraçant l’épopée grenat. Impossible de conclure sans réaffirmer toute l’importance de l’Histoire et de sa valeur patrimoniale

Nous nous réjouissons de poursuivre cette aventure, vivement les noces de cuir ! Mention spéciale à tous ceux qui ont eu la gentillesse de soutenir notre travail, soit en enrichissant nos archives, soit en prodiguant des commentaires divers qui ont rendu nos textes plus vivants.

Jacky Pasteur et Germinal Walascheck

 La semaine prochaine : le dernier printemps de Kalle

Pour tous les amoureux d’images anciennes, signalons que la chaîne Youtube de Super Grenat a accueilli ces dernières semaines de très nombreuses vidéos retraçant les sorties européennes des Grenats !

20 réflexions sur « Super-Servette et les Enfants du Servette : les noces de coton ! »

  1. Vous faites un excellent travail Germinal et Jacky! Des articles toujours très intéressants et variés de semaine en semaine. Si j’étais HQ je vous contacterais pour réfléchir à un musée du Servette agrémenté de vos articles qui retrassent plus d’un siècle Grenat.

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    1. Merci.
      Concernant le musée, il faut des sous… j’image que les dirigeants servettiens ont d’autres chats à fouetter actuellement. Mais peut-être un jour, quand la situation sera assainie… Ce serait un investissement pour le futur, de plus, si ce musée pouvait dépasser le simple étalage de trophées et s’efforcer de replacer l’Histoire du SFC dans un cadre plus large de ses relations avec Genève et ses habitants, je suis sûr qu’il pourrait bénéficier de subventions publiques. Bon, je m’emballe peut-être un peu…

      Par contre tous nos textes sont naturellement à la disposition du club s’il le souhaite, nous pourrions aussi en rédiger des versions condensées pour les programmes de match si le club y voit un intérêt.

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      1. Excellente idée. Vous avez pensé à tout :).
        Au niveau du programme des match, une demie à une page pour chaque rencontre serait vraiment top!

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  2. SPLENDIDE…
    Magnifique boulot.

    Je suis un « petit jeune » et je me gave de l’histoire du Servette que vous porter à notre connaissance.

    Mais plus que de l’infos je suis convaincus que l’avenir est toujours le fruit du passé et quand je lis l’histoire du SFC je ne peux retenir mon optimisme.

    Notre club est né il y bientôt cent an et il s’est inscrit au sommet du football Suisse.

    Nos joueurs se doivent de s’instruire sur l’histoire de club et de respecter le maillot qu’ils portent.
    C est les racines de notre destin et de notre futur glorieux.

    Ils ne doivent pas jouer pour leur salaire de fin de mois, pour se former en vue du prochain club, ou pour finir confortablement leur carrières.
    Nos joueurs doivent se souvenir en chaque instant de ceux qui se sont battus pour que le SFC soit le club qu’ils connaissent aujourd hui et tout mettre en oeuvre pour le transmettre plus fort, plus prestigieux demain à ceux qui les suivrons.
    Ils deviendront alors ensemble de vrai Grenats et l’Histoire pourra se poursuivre en se souvenant de chacun d’entre eux !

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  3. Ne pas oublier que les dossiers et classeurs de l’histoire du sfc ont été transmis à super servette .ch par Joel Savoy grand supporter afficionados du sfc depuis les années 70 un grand merci à lui 😉

    David Christopher

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    1. N’èxagérons pas,j’ai eu le plaisir et l’honneur de rencontrer
      ces deux amoureux foux du Sfc,par ailleurs trés sympa,J’ai
      put apporter ma modeste contribution a leurs travaux.Un
      grand coup de chapeau a ces deux monsieurs,particulièrement
      a Jacky qui en avale des kilomètres pour voir jouer son Sfc
      a la Praille,actuellement ce n’est pas évident,mais comme
      on dit quand on aime on ne compte pas.

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      1. RESPECT…et merci, j’ai voyagé dans le temps et me remémorant certains événements décrits, je me suis surpris à penser…merde…ça fait si longtemps déjà….

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  4. Après notre premier contact j’étais très enthousiaste à partager cette collaboration « historique ».

    Si ce partage est une réussite « blogisfiante », cette collaboration représente humainement une belle rencontre…

    La passion nous uni, pour le meilleur et… le meilleur!

    Amitiés mes chers Jacky et Germinal!

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